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19 decembrie 2024 |
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Vendanges 2010, le sud se réjouit, le nord espère | | (Viață) | Les perturbations climatiques d'août et de septembre, qui ont pourri les vacances de bien des Français, ont eu des conséquences très différentes dans le vignoble français. Passage en revue. |
Tous les mycophiles, et surtout les mycophages vous le diront: l'année 2010 est un grand cru pour les champignons. Mais un solide adage précise: «Champignonneur qui rit, viticulteur qui pleure.» Dans toute la partie septentrionale de la France, la récolte des champignons bat des records. La cause? Les pluies d'août et de septembre. Ces pluies qui font le bonheur des champignons font le malheur de la vigne.
Alsace - Les meilleurs s'en sortent
En Alsace, la bataille contre la pourriture, que les producteurs appellent pudiquement botrytis, fut incessante: «un vrai travail de chien!» précise l'un d'entre eux. Rien à voir avec 2009, où l'état sanitaire fut excellent. Heureusement, le travail paie, les meilleurs s'en sortent et ils produiront de jolis vins car, revers de la médaille, les acidités sont fortes et les taux de sucres élevés, comme un peu partout en France. Et les meilleurs parient sur la sublimation de la pourriture en pourriture noble. Mais cette dernière bataille n'est pas encore gagnée.
Bordelais -Encore un grand millésime
Dans le Bordelais la très forte médiatisation du millésime 2009, a généré des prix élevés. On se retrouve avec un second grand millésime sur les bras, mais on n'ose plus le clamer. «Personne ne nous croira, mais le millésime 2010 est très grand!» s'excuse presque un propriétaire.
Reprenons les faits. La pluie qui a balayé la France du Nord en août et en septembre, et même touché la France du Sud, a miraculeusement contourné Bordeaux : «Pas une goutte de pluie et pas de chaleur excessive: les conditions climatiques de 2010 sont exceptionnelles. Nous sommes dans les pas de 1989 et 1990», s'enthousiasme Alain Vauthier, le propriétaire de château Ausone, 1er Cru classé de Saint-Emilion.
La comparaison 1989/1990 est la bonne. Après la très forte médiatisation des 1989, déjà, le monde entier avait du mal à admettre la grandeur des 1990, et les prix du 1990 étaient sortis en retrait de 30 % par rapport à 1989. Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.
Quel est le profil des bordeaux 2010? Comme le millésime n'était pas précoce, les raisins blancs ont effectué une maturation complète, ce qui n'était pas le cas ces dernières années. Le sémillon en particulier s'en sort très bien et produira de grands vins. Il est trop tôt pour se prononcer sur la qualité des sauternes. Certes, la qualité des sémillons, qui représentent souvent 90 % de l'encépagement, est de bon augure, mais la botrytisation a été un peu tardive cette année.
Les vins rouges sont partis sur un très grand pied, en particulier dans le Médoc. Les pluies des 14 et 15 septembre ont débloqué les maturités qui avaient pris un peu de retard en raison d'un stress hydrique dû à un été trop sec. Partout, les niveaux d'alcool paraissent très élevés avec, contrairement à 2009, de belles acidités, ce qui est un gage de grande longévité. Seul bémol, le stress hydrique a affecté quelques merlots, en particulier sur les sols les plus légers.
En résumé, la situation du millésime 2010 est très contrastée, difficile au-dessus de l'axe Bordeaux-Lyon, nettement plus agréable au sud, avec le cas particulier de Bordeaux. Contre toute attente, le millésime 2010 de Bordeaux s'annonce, à nouveau, exceptionnel. Un deuxième millésime du siècle consécutif...
Champagne - Du chardonnay de qualité
En Champagne, et pour les mêmes raisons - les fortes pluies de début septembre , la pourriture galopait allègrement sur les pinots noirs et surtout les pinots meuniers. Tous les producteurs sérieux ont mis en place des équipes de tri de raisins, avec plus ou moins d'effet: un simple coup d'œil sur les arrivages dans les centres de pressurage montrait que le discours, très au point partout, ne concordait pas toujours avec la réalité du terrain: «Il fallait tout le temps être derrière pour le tri des noirs, mais heureusement, nous avons du très beau chardonnay», précise Benoît Gouez, le chef de cave de la maison Moët &Chandon, qui s'est donnée les moyens, en mettant le prix fort, de s'assurer un approvisionnement de qualité.
Bourgogne - De belles cuvées de garde
Si les cépages rouges souffrent en Champagne alors que le cépage blanc s'en sort bien, la situation est rigoureusement inverse en Bourgogne. Comprenne qui pourra ! «Si nous avons dû trier le chardonnay, le pinot noir est de grande qualité, avec un très bel état sanitaire», souligne Jean-Claude Mitanchey, le patron du château de Meursault qui progresse d'année en année. Les blancs de la Côte de Beaune s'apparentent aux millésimes 1986 ou 2001, où seuls les meilleurs ont tiré leur épingle du jeu. De meilleures qualités, les vins rouges donneront quelques belles cuvées de garde.
La Côte de Nuits, qui avait déjà subi des gelées hivernales, une floraison chahutée et quelques orages de grêle qui ont réduit les rendements de près de 30 %, a de surcroît pris la pluie qui s'est mise à tomber pendant cinq jours à partir du 24 septembre, alors qu'elle s'apprêtait à couper ses raisins. Les plus patients ont attendu le 4 octobre, ce qui en fait les vendanges les plus tardives des trente dernières années. Comme les charges de raisins étaient faibles, les meilleurs produiront, malgré toutes ces vicissitudes, de fort jolis vins. Mais avec beaucoup de travail.
Loire - La chasse à l'acidité
Dans la Loire, le mois d'août très frais et le pluvieux mois de septembre ont eu les mêmes conséquences qu'en Alsace, en Bourgogne et en Champagne. Les raisins ont eu le plus grand mal à mûrir, et les acidités sont fortes un peu partout. Le moindre traitement raté, et c'était la catastrophe sur le raisin. Philosophe, un producteur murmurait: «Heureusement, finalement, il y a toujours une année suivante.»
Vallée du Rhône - Blancs de premier ordre
Les fortes perturbations qui ont compliqué la tâche dans le Nord ont beaucoup moins affecté la partie méridionale de la France. Certes, il a aussi plu en septembre. A Vacqueyras, les 7 et 8 septembre, il est tombé en deux jours 87 mm d'eau, soit plus que durant les quatre mois précédents. Heureusement, le vent, qui est la grande terreur des amateurs de champignons, s'est levé et a séché les raisins. Si la récolte des champignons a souffert, l'état sanitaire des raisins n'a donc pas été affecté.
La fraîcheur du mois d'août, même dans le Rhône, a été très bénéfique aux vins blancs, qui s'annoncent de tout premier ordre, tant dans le Nord que dans le Sud. Les rouges devront composer avec une acidité élevée et aussi avec un degré alcoolique important, autre caractéristique de l'année, une configuration rare qui engendre des vins de garde, mais qui demande beaucoup de temps à se fondre comme le démontre les 1996 qui n'ont pas encore trouvé leur équilibre, du moins pour les meilleurs, les autres étant en très mauvais point.
Languedoc - Des volumes réduits
Le Languedoc et le Roussillon souffrent d'une toute petite récolte qui est la conjonction d'une forte coulure sur les grenaches et la syrah, avec à la fois un vent et un soleil importants qui ont concentré les grappes. Le millésime 2010 s'annonce de qualité, mais avec des volumes réduits, ce qui ne fait que partiellement le bonheur des viticulteurs.
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