Malgré la pluie fine en toile de fond à Beaune, tous les ingrédients sont réunis pour que la 150ème édition des enchères des Hospices soit un bon cru. «La qualité est là mais pas la quantité. Il y a 150 pièces de moins à la vente par rapport au 799 de l'an dernier», explique Alberic Bichot, co-gérant de la maison plus que centenaire éponyme. Pour rappel, un fût ou pièce contient 228 litres de vin soit l'équivalent de 288 bouteilles. «Nous notons en outre un regain d'intérêt international avec 15 nationalités cette année, dont l'arrivée du Vietnam et la confirmation du retour du Brésil et de la Russie après la crise», poursuit de son côté Benoît de Charrette, co-gérant lui aussi chez Bichot, la maison locale qui depuis une décennie achète le plus de pièces le jour de la vente de charité.
«C'est la deuxième fois que je viens à Beaune pour acheter du bourgogne avec mes clients, des restaurateurs de luxe à Saint-Petersbourg», indique Dimitri dans un français impeccable, appris à l'époque de l'Union Soviétique où cette ville s'appelait encore Leningrad. «Les Russes aiment le vin italien mais nous voulons leur faire gouter les vins français et notamment le bourgogne», ajoute, dans la langue de Shakespeare, Yevgueni, un jeune restaurateur venu avec Dimitri. Mais il n'y a pas d'obligation d'achat. «C'est la première fois que je viens dans la capitale des bourgognes. Je ne compte pas acheter demain mais regarder comment cela se passe et revenir l'an prochain», indique pour sa part Bernardo, propriétaire d'une chaine de 10 supermarchés de luxe à Sao Paolo. Parmi les acheteurs professionnels, on note aussi des restaurateurs ou négociants du coin.
Possibilité d'acheter sur Internet
Cette vente est aussi ouverte à des particuliers riches comme John, un expert comptable anglais qui n'hésitera pas à mettre au moins 50.000 euros pour acheter un fût de Bâtard-Montrachet. «Je suis un passionné des vins français et je suis prêt à mettre ce prix pour la qualité et la part de rêve que cela représente», explique-t-il. Toutefois pour les budgets plus modestes, il est possible pour la seconde année consécutive d'acheter une partie d'un fut en passant un ordre sur internet, y compris le jour de la vente et même après. «Compte tenu du succès rencontré cette année avec plus d'une centaine de souscripteurs, nous allons laisser ouverte la vente sur le net au-delà de dimanche», explique Jean-David Camus, directeur marketing chez Bichot. «La vente sur la toile est possible à partir de six bouteilles. Cela revient à l'internaute, si l'enchère par exemple de la pièce est de 2600 euros, à moins de 25 euros TTC par bouteille et pour la bonne cause», explique-t-il.
«Les sommes récoltées iront alimenter une partie non négligeable, environ 5%, du budget de l'hôpital de Beaune», fait-il remarquer. Seule obligation pour tous les acheteurs, «l'élevage et la mise en bouteilles doit se faire en Bourgogne», précise Roland Masse, régisseur du domaine. Avec un peu de patience : l'acheteur devra attendre 15 mois pour cette opération avant sa livraison. Reste à savoir si dimanche soir le record du montant récolté l'an dernier, c'est-à-dire 5,45 millions d'euros, sera battu. .
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